Les habitants du quartier Maurepas de Rennes n’iront plus à la bibliothèque le samedi. En cause : les débordements d’incivilités générés par le point de deal situé à proximité du bâtiment. Si la décision de la municipalité rennaise semble anecdotique, les raisons de cette fermeture s’inscrivent dans une tendance qui concerne tous les services publics, locaux et nationaux : la capitulation face à l’augmentation de la délinquance.
Nos services publics subissaient déjà une hausse de la violence et des incivilités préoccupante. « En 2021, quelque 35 000 professionnels de santé ont été agressés, les Caisses d’allocations familiales (CAF) recensaient 12 000 actes d’incivilités en 2022 et Pôle Emploi constatait une hausse de 20 % des violences entre 2020 et 2023 » indiquait le ministère de la Fonction Publique en septembre dernier.
Ainsi, il arrive de plus en plus que des services publics s’inclinent face à cette hausse de la violence en modifiant leurs horaires afin de réduire le risque d’agression sur leurs agents, quitte à priver les usagers de leurs services aux heures les plus accessibles.
Si l’augmentation de la violence peut limiter l’accès des usagers aux services publics de base (transports publics urbains, postes, caisses d’allocations familiales, France Travail, bibliothèques, médiathèques, crèches, etc.) mais aussi de services locaux plus inattendus comme les déchetteries, de plus en plus en proie aux vols et aux agressions, elle peut aussi les priver complètement de ces dits services.
Il n’est pas rare qu’un établissement public soit contraint de fermer ses portes à la suite d’un événement particulièrement violent, ainsi la Poste du quartier saint-Martin (Troyes) a été fermée le 3 juin dernier après avoir été saccagée par un usager, ainsi la CAF de Laon a-t-elle été fermée le 5 avril dernier après l’agression d’un agent public par un usager, dix jours après avoir fermé pour les mêmes raisons, ainsi la médiathèque Marc-Bernard à Nîmes, fermée en avril dernier après avoir été transformée en zone de deal ou la déchetterie de Béguey (Gironde), rouverte le 22 mai dernier, puis fermée jusqu’à nouvel ordre après de nouveaux épisodes de violences.
Le cas précis de la bibliothèque de Maurepas semble inaugurer une nouvelle étape de ce phénomène : la fermeture par anticipation d’un service public pour des raisons sécuritaires.