– Père Noël, père Noël, j’ai été très sage cette année, n’est-ce pas. Est-ce que tu peux m’offrir une vraie carabine de cow-boy et un joli vélo rouge tout terrain ?
– Voyons, mon enfant, c’est tout ce que tu as à me demander ? J’en ai un peu assez, tu sais, des vélos et des panoplies de cow-boys ou d’Indiens. J’en ai trimballé des millions de par le monde, et puis une carabine, c’est un jouet très violent. Tu sais combien de Sioux, de Cheyennes, d’Apaches, d’Anglais loyalistes, de Mexicains et de bisons ont été massacrés avec ces engins de malheur ? Tu as envie de tuer des bisons et des Cheyennes, toi ?
– Oh non, père Noël. Pas du tout. Même si, en fait, je n’ai jamais mangé de la viande de bison. Peut-être que c’est bon… Mais mon cousin Alexandre, tu lui as offert une panoplie de Comanche l’an dernier, avec un arc et des flèches et une coiffe de plumes majestueuse. Si j’ai une carabine je pourrai jouer avec lui, et on se tuera l’un l’autre. C’est marrant comme jeu.
– Voyons, mon petit, essaie d’avoir des goûts un peu moins conformistes, ou disons moins emprunts d’un imaginaire occidental suprémaciste et colonial. Il n’y a rien d’autre qui te ferait envie ?
– Bon, puisque tu insistes, j’avoue que j’aime bien aussi les voitures de course qui ont des…
– Non, mais je veux dire, réfléchis un peu. Tu n’as pas envie de devenir une petite fille ?
– Quoi ?
– Oui, tu sais, je peux te débarrasser de ton zizi, si tu veux, et te rendre aussi belle que Taylor Swift ou Angèle. Ce ne serait pas un beau cadeau, ça ? Tes copains à la rentrée seraient sidérés, et tes copines en mourront de jalousie.
– Mais je ne veux pas être une fille, moi ! Qu’est-ce que tu as contre mon zizi ?
– C’est un truc encombrant, et qui en grandissant finit par ressembler à ta carabine. Moi je dois boire beaucoup de whisky et de coca-cola, depuis un siècle, pour oublier que j’en ai un.
– Ah, c’est pour ça que tu as le nez rouge et que tu sens aussi fort ?
– Oui, je reconnais. Mais tu sais, les soirées sont longues en Laponie. Il faut bien faire passer le temps. Des fois, je me déguise en mère Noël, et j’oublie qu’il y aura d’autres 24 décembre pendant encore toute une éternité.
– Mais je ne veux pas devenir une fille, père Noël. Et puis je suis amoureux d’Emilie. Qu’est-ce qu’elle va dire si elle découvre que je suis devenu une fille ?
– Elle te trouvera d’autant plus fréquentable. Et elle t’incitera à acheter des tas de babioles et de robes de toutes les couleurs dans les grands magasins. D’ailleurs, si jamais, je peux en faire un garçon. Peut-être que ça lui plaira, à elle.
– Oh non ! Si elle devient un garçon, elle ne me plaira plus et elle me demandera d’aller jouer au ballon. Je déteste ça.
– Tu es désespérant. Je t’offre un cadeau que des millions de pauvres enfants, prisonniers de leur déterminisme biologique, rêveraient de pouvoir demander, et toi tu chicanes comme un enfant gâté de la vieille Europe chrétienne et patriarcale. Cela me dégoûte, tu sais. Si ça continue, je vais rendre mes rennes et mon tablier et les refiler à ce vieux roublard de Saint Nicolas. Lui, il pourra t’offrir des vélos et des voitures de course autant que tu veux.
– Ecoute, on fait comme ça, père Noël. En plus, l’église Saint-Nicolas-des-Champs est à deux rues de l’immeuble d’Emilie. On ira y prier ensemble ce week-end. Toi, tu devrais boire de la grenadine ou de l’orgeat, je crois. Ma mère serait là, elle te dirait que le coca-cola ne te réussit pas du tout.
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Noël et Jésus entouré d’un keffieh…si même le pape s’y met ! Rima hassan veille sur le landeau ?