La crise actuelle ne peut se prolonger indéfiniment car des décisions graves sont à prendre sur le plan économique. Nous avons une économie apathique, ce qui force nos gouvernants à s’endetter d’année en année afin de fournir aux Français un niveau de vie correct. Ainsi notre endettement est-il devenu considérable, dépassant aujourd’hui le niveau du PIB. Les taux du crédit sur les marchés augmentent et notre dette nous coûte de plus en plus cher, d’autant que notre notation baisse auprès des grandes agences de notation. Ainsi, par exemple, Standard & Poor’s a-t-elle fait reculer d’un cran, tout récemment, la note de notre pays, la portant à AA-.
Il existe deux urgences auxquelles il faut faire face :
Réduire notre déficit budgétaire afin de nous conformer aux règles de fonctionnement de notre zone monétaire (la Commission européenne ayant finalement ouvert une procédure contre nous).
Redresser l’économie du pays pour qu’elle retrouve le plus rapidement possible ses grands équilibres et cesser de nous endetter chaque année.
L’avertissement de la Commission Européenne : 3% de déficit maximum d’ici à 2027 :
Le 19 juin dernier, la Commission Européenne a ouvert une procédure contre 7 pays européens pour déficit excessif, et notre pays est de ceux-là. En effet, en 2023 notre déficit a été de 5,5 % du PIB, et il sera de 5,1 % en 2024. Il a été convenu, selon des accords antérieurs entre les ministres des finances de la zone euro, que nous parviendrions à 3 % de déficit fin 2027, et c’est cet engagement qu’il va nous falloir respecter impérativement. Ce qui signifie qu’il faudra réaliser environ 80 milliards d’euros d’économies. Avant de savoir sur quels postes il faudra raboter, les fonctionnaires de Bercy attendent la nomination du prochain gouvernement. De son côté, l’Agence Standard & Poor’s a estimé que nous en serions à un déficit de 112 % du PIB en 2027, et il est fort à craindre qu’elle ait raison.
En effet, si nous ne parvenons pas à réduire notre déficit, la Commission nous appliquerait la pénalité financière prévue dans les traités, soit 1 % du PIB, chaque année, c’est-à-dire 2,8 milliards d’euros.
Les chemins du redressement
Un récente étude des Nations Unies examinant la manière dont les économies des différents pays européens ont évolué, sur une longue période, a révélé que la France a été, de 1980 à nos jours, l’un des pays dont l’économie a réalisé les plus mauvaises performances. En effet, entre 1980 et 2021, notre PIB per capita a été multiplié par 3,4 seulement, contre 4,2 pour l’Allemagne ou les Pays-Bas, et de 4,9 pour la Suisse, le Danemark, ou même l’Espagne.
Longtemps, les dirigeants du pays se sont interrogés afin de comprendre la raison pour laquelle notre économie était si peu dynamique. L’on se souvient d’un François Mitterrand désespéré qui déclarait : « On a tout essayé ! ». Ce fut finalement la crise du Covid-19 qui révéla le grave problème de la désindustrialisation du pays. Problème auquel a répondu Emmanuel Macron le 12 octobre 2021 en lançant son Plan « France 2030 », accompagné d’un budget d’aide de 54 milliards d’euros aux entreprises.
La France, dont le secteur industriel ne représente plus que 10 % du PIB est devenue le pays le plus désindustrialisé d’Europe, la Grèce mise à part. En Allemagne, ou en Suisse, il s’agit de 23 % ou 24 %. Il nous faut donc redresser le secteur industriel à environ 18 % du PIB, nous avons le plus grand besoin des firmes étrangères pour y parvenir, car les firmes françaises seules n’y suffiront pas. J’expliquais, dans Le programme de réindustrialisation de la France sur la sellette de la dissolution qu’il faudrait mettre en place un plan d’investissements de 350 milliards d’euros sur une décennie.
Il s’agira d’aller bien plus loin que le plan « France 2030 » afin de ne pas gâcher nos chances. Il faut un plan de 10 ans, avec davantage d’aides de l’Etat, sans distinction entre projets « stratégiques » et « non stratégiques », comme c’est actuellement le cas avec le plan « France 2030 ».
Puisse donc notre prochain gouvernement être conscient des réalités économiques, et ne pas se méprendre sur les objectifs qu’il va devoir assigner à son action. On se souvient du président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici, déclarant : « faire des économies n’est ni de droite ni de gauche ». Il en est de même pour la réindustrialisation du pays.