Entretien sur les dérives de Sciences Po Menton avec Maître Gilles-William Goldnadel, essayiste, président d’Avocats sans frontières. IEP spécialisé sur les questions méditerranéennes et moyen-orientales, Sciences Po Menton accueille une majorité d’étudiants étrangers issus du monde arabe. Depuis le 7 octobre dernier, cette institution qui forme notamment les futurs cadres de notre diplomatie, fait l’objet de nombreux signalements de la part d’élèves juifs, victimes de racisme de la part de leurs camarades.
Début mai, le campus de Sciences Po Menton a été fermé pendant trois jours après une manifestation propalestinienne. Comme à l’IEP Paris, la direction a négocié un accord avec les étudiants propalestiniens pour obtenir le retour au calme. Est-ce un aveu d’échec ?
C’est plus qu’un aveu d’échec, c’est un aveu de faiblesse. La réalité est là.
C’est d’autant plus un aveu de faiblesse que les étudiants propalestiniens, sans être forts, sont déterminés. Ce qui fait d’une certaine manière la force du gauchisme, c’est la faiblesse insigne des autres.
Si vous aviez dans le camp d’en face des étudiants déterminés, parce qu’ils sont très peu nombreux, les islamo-gauchistes, de faire les mêmes choses ou de s’opposer aux mêmes choses, je peux vous dire qu’il ne se passerait rien. Il faut reconnaître au gauchiste et aux l’islamo-gauchistes qu’ils donnent du temps et de l’énergie pour leur cause.
Alors certes, ce n’est pas dans les études qu’ils gaspillent effectivement beaucoup de temps. Ils préfèrent faire de l’agit-prop dans la rue. Mais si vous voulez questionner leur succès, vous devez effectivement constater qu’ils acceptent de faire du militantisme. Ce qui n’est pas le cas des étudiants studieux qui préfèrent effectivement travailler.
Depuis l’attaque du Hamas en Israël le 7 octobre dernier, les étudiants juifs de Sciences Po Menton sont victimes de préjugés antisémites (« les Juifs contrôlent les médias ») et d’un racisme grandissant de la part des autres étudiants. Peut-on tolérer durablement l’intolérable ? Devrait-on expulser les étudiants antisémites ?
Il faudrait d’abord commencer par expulser les étudiants étrangers qui violent le droit. Et en ce qui concerne les étudiants français qui se méconduisent illégalement, bien entendu qu’il faudrait les expulser et les poursuivre dans un monde droit idéal. La réalité m’oblige à vous dire que moi-même il y a de longues années, lorsque j’étais étudiant, j’ai connu la force du gauchisme estudiantin.
C’était le gauchisme estudiantin qui tenait les facs, en raison également de sa capacité d’engagement que je viens de vous décrire. La chose nouvelle, la chose terrible, la chose horrible, c’est que l’antisémitisme et l’antisionisme d’aujourd’hui, y compris violents, y compris agressifs, sont décomplexés. En ce qui me concerne, si vous voulez, il se trouve que je tenais des stands sionistes, donc j’affrontais les gauchistes à visage découvert.
Mais la plupart des étudiants, juifs ou non, qui voulaient travailler, évitaient de trop traîner dans les campus, dans les halls des facs, et de chercher des noises aux étudiants gauchistes qui tenaient le haut du pavé. La différence avec maintenant, c’est que vous avez un antisémitisme violent qui ne se cache même plus, et qui fait que les étudiants juifs, en situation évidemment minoritaire, sont obligés de faire profil bas et de raser les murs.
Ainsi, de futurs cadres du Quai d’Orsay formés à Sciences Po font l’apologie du terrorisme du Hamas. Est-il déjà trop tard ?
Écoutez, moi ça fait longtemps que s’agissant de la France, pas seulement des juifs français, je suis incapable de vous dire s’il est minuit 05 ou minuit moins 05.
Une chose est certaine, quelle que soit l’heure, je continue de me battre.
Vous avez récemment écrit « LFI et l’antisémitisme, le point de non-retour ». Pensez-vous qu’il est nécessaire d’interdire LFI ?
En réalité, mon titre originel que j’ai conservé sur Twitter, était que si LFI était d’extrême droite, elle serait interdite. D’ailleurs, c’est ce qui constitue la conclusion de l’article auquel vous voulez bien faire allusion.
Ce que je pense, c’est qu’en raison de ce que j’appelle le privilège rouge, l’extrême gauche peut continuer, à se développer, à sévir, y compris maintenant que son antisémitisme pro-islamiste est totalement décomplexé. Parce que malgré tout, il y a, encore une fois, ce privilège rouge qui fait qu’il n’est pas traité à la même aune que l’extrême droite, si l’extrême droite avait continué d’être antisémite.
Donc aucun doute sur le fait que si, par pure hypothèse intellectuelle absurde, elle fût antisémite, ou s’il existait plutôt un parti d’extrême droite qui flirterait avec l’antisémitisme, la question de l’interdiction se poserait. Je ne dis pas que la réponse devrait être positive, parce je ne suis pas pour l’interdiction, par exemple, du parti communiste, alors que précisément, et c’est là tout le problème, on n’a pas fait le procès du communisme.
Il n’y a pas eu de Nuremberg du communisme et de l’extrême gauche. Le communisme a fait 4 fois plus de morts que le nazisme. Ce n’est pas pour autant que je considère que le communisme est 4 fois plus dangereux que le nazisme, mais je dis qu’au moins, il aurait dû être traité à la même aune.
Comme ça n’a pas été le cas, le privilège rouge continue de sévir.
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3 commentaires
Insupportable ! Sciences Po MENTON forme nos futurs diplomates !
Bonne interview
La prime à la casse sponsorisée par le service publique