Un lundi 7 octobre sur France Inter, Sonia Devillers les mains jointes : « Quand vous les aurez ces papiers, parce que, un jour vous les aurez, j’espère, vous continuerez le cinéma ? ». Réponse de l’intéressé « moi mon rêve aujourd’hui c’est d’aller [travailler] au garage ».
Prix du meilleur acteur dans la catégorie un certain regard à Cannes, l’interviewé du jour est le héros du film “L’histoire de Souleymane” de Boris Lojkine, qui sortira demain dans les salles. Comme son personnage, Abou Sangaré est Guinéen et vit sans papiers. Après six ans en situation irrégulière, il compte déposer le 10 octobre une quatrième demande de régularisation, les trois premières ayant été rejetées. Le troisième refus est accompagné d’une OQTF par la préfecture de la Somme, la situation du clandestin, qui ne possède aucune famille dans l’hexagone et n’a fourni aucune fiche de salaire aux autorités, ne relevant pas du droit d’asile.
Pourtant, depuis quelques jours, on peut apercevoir le jeune homme de 23 ans nous conter librement son exil puis son arrivée en France via la Lybie, en passant par la frontière italienne, sur différents plateaux du service public. Reçu en majesté dans l’émission C à vous vendredi dernier puis dans la matinale de France Inter, Abou Sangaré exhibe son interprétation très particulière du respect de la loi française et de l’autorité préfectorale en expliquant comment « le film [lui] a permis de payer [son] voyage et d’arriver ici ». Sur le plateau, il rend hommage à son passeur à qui il a « transféré 300 euros » une fois en France.
Récompensé par les prix du jury et du meilleur acteur dans la catégorie un certain regard à Cannes en mai dernier, le film de Boris Lojkine n’aurait pas pu voir le jour sans les subventions du CNC, auxquelles 70 000 euros ont été rajoutés par la commission Images de la Diversité.
Si le film sort demain dans les salles, l’offensive de la gauche télévisuelle et cinématographique en faveur de la régularisation de sa nouvelle égérie est quant à elle déjà lancée. Le nouveau ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, au discours si ferme sur l’application des OQTF, cèdera-t-il à ce premier bras-de-fer misérabiliste ?
MàJ : jeudi 10 octobre, les députées, Cyrielle Chatelain et Danielle Simonnet, ont interpellé le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, réclamant la régularisation d’Abou Sangaré. Le préfet de la Somme a indiqué qu’il réexaminerait son dossier.
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1 commentaire
OoOoOqtf si tu savais…tout le mal que l’on m’a fait