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Après vous s’il en reste, monsieur le Magistrat

par Nina Pravda 19 juin 2025
par Nina Pravda 19 juin 2025
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Il faut avoir les yeux ouverts, bien ouverts, pour voir ce qui rampe et ce qui grimpe. Car ce genre d’événement n’éclot pas dans le vacarme des tambours, ni dans le fracas des discours républicains. Non, c’est passé en silence, comme un serpent sous les herbes. L’École Nationale de la Magistrature — cette fabrique d’oracles en robe noire — réserve désormais 15 % de ses places pour le concours de magistrat à des candidats sélectionnés par ‘’discrimination positive‘’. Quinze pour cent d’hosties sociales à consacrer chaque année. Pour prétendre dire le droit il faut plaire à la morale du siècle.

Longtemps, la magistrature se contenta d’intervenir en douce, comme un joueur de poker trichant sous la nappe, dans les grandes batailles politiques. Elle sabotait quelques candidatures, lançait des mises en examen par ci par là, mais voici qu’elle veut maintenant choisir ses propres prêtres. Et gare à celui qui ne s’agenouille pas !

J’ai cru, comme d’autres, que l’État s’effondrait. Que tout foutait le camp. Que les pouvoirs étaient tombés à terre, sans force, sans nerf, sans majuscule. J’avais tort. Il existe un pouvoir encore debout, droit, hautain, presque insolent. Mieux encore : ce pouvoir s’est renforcé.

En vingt ans, le bras de la justice s’est épaissi. Il ne tremble plus. Il frappe. Dur, et toujours dans le même sens. Il y a vingt ans, Alain Juppé, baron du chiraquisme municipal, avait pris une claque paternelle pour six emplois fictifs qu’on regardait alors comme des tolérances d’appareil. Un an d’inéligibilité. C’était l’époque des gifles morales. Deux décennies plus tard, François Fillon, pour avoir rémunéré indûment son épouse à l’Assemblée dans un système pratiqué à grande échelle depuis des lustres, a, après sept ans de mise au ban, écopé de quatre ans de bannissement. Soit une génération politique. La potence sans la corde, mais avec l’hallali médiatique. Quelle révolution !

Pendant ce temps, Marine regardait ailleurs. Elle, qui aurait pu semer ses jeunes diplômés dans les institutions, les inciter à progresser dans les rouages. Elle n’a pas voulu. Par paresse, par méfiance, par bêtise sûrement. Demain, elle et ses héritiers politiques seront jugés par ces 15 %, dûment triés, dûment formatés et surtout dûment militants.

Discrimination positiveENMMarine Le PenNina Pravda
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Nina Pravda

Nina Pravda est rédactrice en chef de Contre-Poison.

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