On le sait depuis longtemps, le multiculturalisme a le propre d’importer toutes les guerres de la Terre au sein d’un même pays. Accueillant leurs principaux acteurs sur le même sol, il fabrique un grand théâtre où tous les conflits du monde peuvent se jouer. Cela fait déjà plusieurs semaines que, dans les grandes métropoles canadiennes, émeutes et manifestations tiers-mondistes se multiplient, réunissant allogènes et étudiants sous les mêmes étendards.
Le 7 octobre dernier, c’est le drapeau du Canada qui flambait à Vancouver, les manifestants scandant « Death to Canada », tandis qu’une foule saccageait l’Université McGill à Montréal pour célébrer le « premier anniversaire du pire massacre de Juifs depuis l’Holocauste ». Deux semaines plus tard, ce seront les rues du centre-ville de Montréal qui s’embraseront, suivies de celles d’Ottawa, capitale fédérale du pays.
À Montréal, la « Solution finale »
Le 22 novembre à Montréal, ce sont des dizaines de milliers de personnes qui, au moment où l’OTAN tenait son assemblée parlementaire dans la métropole, sont descendues dans les rues afin d’appeler à la dissolution de celui-ci, ainsi qu’à la fin de l’Etat d’Israël. Plusieurs manifestations ont éclaté, mais tous les groupes protestataires dénoncaient l’augmentation du budget militaire et la « complicité canadienne dans le génocide en Palestine » à travers le soutien du pays à Israël.
Tout débute avec une grève de deux jours, initiée par 85 000 étudiants issus de 13 campus universitaires montréalais, dont Concordia, McGill et le collège Dawson, tous exigent que leurs universités se désengagent d’Israël.
Au programme : saluts nazis, « heil Hitler », appels répétés à l’intifada et à la « solution finale », autodafés de drapeaux israéliens et exhibition de drapeaux palestiniens, libanais ou encore russes.
La manifestation s’est rapidement étendue à des non étudiants, puis s’est muée en émeutes, plongeant les rues de Montréal dans un chaos violent à mesure que celles-ci s’intensifiaient.
Sans surprise, Benoît Allard, porte-parole de Divest for Palestine et de la coalition URGENCE Palestine, qui souscrit à l’idée selon laquelle une « logique impérialiste » maintiendrait « les peuples du Sud Global dans la pauvreté et la dépendance envers le Nord Global », a co-organisé l’une de ces manifestations, comparant la minuscule poignée d’interpellations effectuées par les forces de l’ordre à l’issue des émeutes à des violences policières.
« Ce qu’on a vu dans les rues de Montréal hier soir est épouvantable » a commenté le premier ministre canadien Justin Trudeau, poursuivant en rappelant que « les émeutiers doivent être tenus responsables de leurs actes ». Mais qui donc est responsable de la venue des émeutiers au Canada ? En mai dernier, le ministre fédéral de l’immigration Marc Miller annonçait la multiplication par cinq du nombre de visas délivrés aux Gazaouis.
Le Canada paye la facture de sa politique migratoire
La politique canadienne du multiculturalisme date des années 1970. Initiée par le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, elle a été taillée sur mesure dans le but de contenir le nationalisme québécois et de le noyer dans l’ensemble du Canada anglophone. Son fils, Justin Trudeau, lui a donné une autre acception : celle du « pays-monde ». Nourrie par une politique d’immigration massive ouverte aux quatre coins de la planète, la politique du multiculturalisme se retourne contre les Canadiens.
Selon le recensement de 2021, près d’une personne sur quatre au Canada (23 %) serait issue de l’immigration. Ce pourcentage est le plus élevé que le Canada ait pu connaître en 150 ans, ainsi que le plus élevé des pays du G7. La proportion de Canadiens de deuxième génération (enfants d’immigrants) âgés de moins de 15 ans et ayant au moins un parent né à l’étranger a considérablement augmenté, passant de 26,7 % en 2011 à 31,5 % en 2021. D’ici 2036, près d’un Canadien sur deux sera un immigrant ou un enfant d’immigrant. Si l’immigration de masse importe de nouveaux conflits et change le visage du peuple canadien, elle a aussi des conséquences sur le plan économique : le Canada traverse une crise du logement historique et ses citoyens subissent une concurrence croissante pour l’accès à l’emploi.
Quelques jours avant les événements du jeudi 22 novembre, le premier ministre Trudeau avait amorcé une volte-face sur le front migratoire, promettant une réduction de l’immigration légale sur trois ans. Une annonce timide et trop tardive pour sortir du piège multiculturaliste dans lequel il a lui-même projeté le Canada.
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