Fen de Villiers a grandi en Écosse, mais a trouvé sa vocation sculpturale à Anvers. Après des études à l’Académie royale des beaux-arts d’Anvers, il s’est donné pour mission de redonner à la sculpture sa forme la plus vivante et la plus énergique. Dans le cadre de son exposition de sculptures en pierre, « Breakthrough », le sculpteur a rédigé un manifeste pour le renouveau de la force esthétique, force qui a tendance à s’estomper sur la scène culturelle actuelle. Son souhait est de créer un nouveau mouvement avec des artistes et des créateurs partageant les mêmes idées, afin de redonner aux Arts leur vitalité.
Cet entretien a été traduit de l’anglais par nos soins.
Nina Pravda : En 2021, vous avez publié un manifeste (Manifesto for aesthetic reinvigoration), dans lequel vous regrettez que l’innovation puisse triompher dans les sciences et l’industrie, mais continue à stagner dans le monde des arts. Comment l’Europe s’est-elle retrouvée dans cet état d’immobilité et de radotage artistique ?
Fen de Villiers : Je distingue surtout deux forces motrices capables d’expliquer une telle stagnation artistique et culturelle. Premièrement, les capacités techniques et mécaniques dans les arts, qui, depuis le démantèlement de l’artisanat d’élite sous le système des guildes européennes, se trouvent littéralement en déclin. Et ce, alors même que l’Occident entrait dans la révolution industrielle. Le dernier bastion d’espoir pour l’artisanat et les métiers d’art était alors les académies artistiques, mais la conquête et la subversion de la Nouvelle Gauche, leur ont infligé une raclée considérable. L’artisanat réel des arts – la maîtrise d’un matériau dans lequel le peintre ou le sculpteur peut s’engager directement dans son art – est devenu à bien des égards une chose du passé. Il faut se rappeler que l’artisanat d’art s’est épanoui dans un contexte de démonstration en temps réel transmis de maître à apprenti, un système qui était central dans l’Europe préindustrielle mais qui est aujourd’hui presque inexistant, avec de nombreuses techniques oubliées.
Deuxièmement, dans un contexte historique plus large, l’histoire de l’art de l’après-Seconde Guerre mondiale a, en raison d’une certaine facilité, d’une démoralisation et de la perte de l’artisanat, connu une ère post-duchampienne banale du found object (objet trouvé ou encore ready-made). L’objet ou « l’œuvre d’art » n’étant, en réalité, qu’un accessoire autour duquel, tel un parasite, la critique culturelle de la Nouvelle Gauche s’implante. Chaque « œuvre d’art » colportée par l’écosystème culturel dans son ensemble n’est en réalité que pur activisme politique, que celui-ci soit explicite ou emprunte des chemins plus subtils.
Nous avons vécu ce que j’appellerais une période de développement interrompue, dépourvue de puissance et de gloire.
Dans le but d’engendrer des sentiments de gêne, de culpabilité ou de complicité à l’égard des atrocités commises pendant la guerre ou sous les régimes coloniaux, la Seconde Guerre mondiale a vu naître une campagne de démoralisation incessante et continue visant à éreinter l’esprit des Européens. Dans ces conditions, la culture européenne a été émasculée et dépouillée de toute expression vitale par crainte qu’elle ne paraisse trop puissante, fasciste ou auto-affirmée – un changement de polarité de l’héroïque à l’anti-héroïque. En conséquence, nous avons vécu ce que j’appellerais une période de développement interrompue, dépourvue de puissance et de gloire.
Un autre aspect important à considérer est que ce que l’on appelle la ‘’vision‘’ est rare dans ce monde, très peu l’ont. Je crois que ces visionnaires se sont même complètement éloignés des arts et se sont retrouvés dans des domaines différents. Le type d’homme doté de pouvoirs créatifs permettant de devenir un artiste visuel a finalement changé d’orientation professionnelle. Dès lors, les arts ont connu une ‘’fuite des cerveaux‘’, qui se retrouvent désormais dans des domaines tels que la technologie et l’ingénierie. Ces zones représentant la dernière frontière où, un peu moins entravé, l’exceptionnalisme occidental peut prospérer. Mais non sans lutte.
Nina Pravda : La culture européenne est intrinsèquement liée à l’idée de progrès et de dépassement (artistique, technique, sportif). Comment le monde artistique pourrait-il se renouveler, et inspirer à nouveau une certaine idée de la grandeur européenne ?
Fen de Villiers : C’est vraiment un domaine qui m’a plutôt obsédé au fil des ans et je crois que l’histoire peut nous donner une voie très claire à suivre. Pendant un certain temps, j’ai rêvé d’une vision fraîche et grandiose qui pourrait s’établir dans la culture occidentale. Quelque chose qui serait enfin sincère, organique et plein d’énergie. Je repense au futurisme italien comme un exemple de séquence où vous aviez des artistes de tous les métiers, s’engageant dans une même vision esthétique ciblée. Un jeu fou, fiévreux et obsessionnel, sans fin d’expérimentation et de formation d’idées.
Historiquement, chaque mouvement artistique pionnier a eu son creuset – un espace physique où les idées se heurtaient et où la créativité s’épanouissait. Sans l’atmosphère fervente des cercles futuristes, aurions-nous pu assister à la puissance dynamique de L’Homme en mouvement de Boccioni ? Ou aux expressions audacieuses de Wyndham Lewis, sans le collectif soudé des vorticistes ? Ces œuvres révolutionnaires ne sont pas nées de manière isolée, mais dans l’air électrisé de lieux de rencontre et de studios partagés.
La Sécession viennoise possédait son hall d’exposition emblématique, les vorticistes leur maison qui faisait office de quartier général, et les futuristes italiens un réseau interconnecté de studios et d’ateliers. C’est dans des cercles d’élite soudés, que de nouveaux horizons sont explorés – où les esprits créatifs se réunissent, synthétisent des idées.
J’envisage d’établir quelque chose de similaire pour ce nouveau mouvement artistique. Un tel lieu n’a pas besoin d’être une grande institution, il pourrait, pour commencer, être aussi intime qu’une maison. Ici, la recherche et le développement esthétiques prospéreraient, avec des artistes travaillant, étudiant, enseignant et théorisant dans un échange symbiotique. L’atelier deviendrait alors un vortex magnétique, attirant de jeunes talents et relançant le concept d’‘’écoles de pensée‘’ artistiques.
Le collectif développerait une nouvelle vision culturelle, entièrement déconnectée des limites prescrites aux artistes achetés et payés par les organismes de financements idéologiques. C’est une structure qui s’épanouira en dehors des institutions conquise. Dans un même élan, avec la création d’œuvres comme la sculpture, la peinture, la poésie et de nombreuses autres formes d’art, nous poserions les bases de la terraformation de ce paysage culturel aride. Les principaux domaines d’exploration artistique s’articuleraient autour de thèmes tels que l’énergie, la vitalité, le futurisme, l’excellence, l’héroïsme, la technologie et l’espace, le dynamisme, l’esprit pionnier en lien avec les canons occidentaux.
Il y a seulement 70 à 100 ans, de nombreux artistes, écrivains et philosophes majeurs des quatre coins de l’Europe se connaissaient personnellement et travaillaient régulièrement côte à côte. Naturellement, Paris était l’un des principaux centres artistiques et comptait plusieurs écoles d’art d’élite ayant encouragé certains des géants du début de la modernité – Arno Breker, que beaucoup connaissent, a eu le privilège de travailler aux côtés de Malfray, Maillol et Despiau pour n’en nommer que quelques-uns. À la fin des années 1920, Alexander Calder, le célèbre sculpteur américain, a vécu et travaillé dans l’atelier d’Arno Breker à Paris pendant environ un an. Cette période est importante pour les deux artistes qui se retrouvent immergés dans la vibrante scène artistique parisienne.
Ce que j’essaie de communiquer ici, c’est que les Arts sont une pratique vécue et incarnée. L’innovation et les images visionnaires coagulent autour d’esprits artistiques engagés et concentrés au sein d’une étroite proximité. Bien que nous vivions à une époque d’hypermodernité et d’interconnexion, nous souffrons également d’une existence atomisée, où une multitude de communications se déroulent en ligne et non dans un espace réel. Ceci est d’autant plus vrai pour la plupart des penseurs et artistes marginaux d’aujourd’hui. C’est pourquoi l’engagement personnel sera essentiel pour forger cette revitalisation artistique.
Nina Pravda : Vous avez cité le vorticisme, le futurisme italien et le constructivisme russe comme des mouvements vous inspirant. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Fen de Villiers : Les futuristes, comme de nombreux modernistes de la première heure, nous ont légué un langage esthétique expérimental brut et non raffiné – une rébellion contre l’ordre établi de leur époque. Cette énergie naissante, débordant d’une puissance latente, rappelle la naissance archétypale d’innombrables mouvements artistiques à travers l’histoire. Je distingue, au travers des canons occidentaux, une évolution récurrente : les expressions culturelles brutes ont tendance à se développer progressivement vers des formes plus raffinées. La Grèce antique, par exemple, a évolué au sein de quatre périodes sculpturales distinctes : géométrique, archaïque, classique et hellénistique. La période géométrique a jeté les bases de la sculpture grecque antique. Reconnaissable par ses expressions primitives, brutes et directes, elle véhiculait une immense puissance. Chaque période ultérieure – archaïque, classique et hellénistique – est devenue de plus en plus idéalisée et raffinée, jusqu’à son point culminant, les sculptures matures et pleinement réalisées de l’ère hellénistique.
De ce point de vue, je vois les futuristes italiens, les vorticistes et les constructivistes russes comme les artistes ayant le plus brillamment établi les fondations spirituelles de leur propre ‘’étape géométrique‘’. Cependant, en raison d’événements historiques, leur trajectoire de développement culturel a été tragiquement écourtée ; nous n’avons jamais assisté à leur progression vers une « période archaïque » ou au-delà.
En tant que sculpteur, mon esprit est entraîné à tout percevoir au travers d’une lentille galbée et tridimensionnelle. Tous ces mouvements et ces écoles de pensée m’ont profondément inspiré car j’y vois une nouvelle formulation de la Géométrique, un point de départ embryonnaire avec des bases solides. Il est naturellement de la responsabilité des artistes vivants d’aujourd’hui de regarder en arrière pour aller de l’avant : de s’emparer de la matière laissée par ces premiers modernistes, de la digérer et de la propulser plus loin dans de nouveaux domaines.
Ma dernière série cherche à ressusciter un aspect oublié de la sculpture : capturer le dynamisme brut et le potentiel même du mouvement.
Je me suis inspiré de ces mouvements parce qu’ils possédaient encore une fougue. Fougue qui, je trouve, est presque entièrement absente dans l’art créé après 1950. Ma dernière série cherche à ressusciter un aspect oublié de la sculpture : capturer le dynamisme brut et le potentiel même du mouvement. Les futuristes ont peut-être été les derniers à véritablement explorer ce territoire. Ma vie de sculpteur a toujours été une conversation solitaire avec des fantômes : interpréter leurs œuvres visionnaires, construire sur leurs visions collectives et rêver davantage avec eux.
C’est le travail de ma vie que d’explorer les prochains points de l’évolution de la sculpture. Mon objectif est, tout en recherchant un développement formel ultérieur du langage géométrique vers un langage archaïque moderne, de poursuivre la lignée du dynamisme et du mouvement implicite lancée par les futuristes.
Nina Pravda : Nous sommes entrés dans une ère où l’enseignement de l’histoire est ethno-masochiste, où la figure de l’homme est dépeinte comme ridicule et où victoires et hauts faits ont tendance à être tus. Est-il si risqué, à l’heure où le culte des grands hommes n’a plus cours, de défendre l’archétype du héros dans l’art ?
Fen de Villiers : C’est une question très pertinente, et opportune à considérer. À bien des égards, a jailli, au cœur de notre ère de démocratie libérale – une époque que l’on pourrait aussi appeler l’ère de l’anti-héroïque. Si nous suivons la pensée de figures comme Fukuyama et Wyndham Lewis, il paraît clair que la domination de la « religion de l’égalité » ne peut persister que si la société supprime simultanément l’archétype du héros. Après tout, le héros incarne l’individu inégal et extraordinaire.
Cet idéal héroïque s’oppose fortement au régime libéral-démocrate et à son statu quo culturel.
Le héros inspire. Il tire vers le haut et inculque aux autres le courage de se hisser au-delà de la médiocrité et de poursuivre une vie plus noble, une vie qui transcenderait les simples préoccupations matérielles. Cependant, cet idéal héroïque s’oppose fortement au régime libéral-démocrate et à son statu quo culturel, et entre fondamentalement en conflit avec la programmation sous-jacente du système.
Je crois que Fukuyama a raison : la démocratie libérale doit supprimer le thymos – le désir humain de reconnaissance – et en particulier la mégalothymie, l’aspiration à être reconnu comme supérieur par l’excellence ou la grandeur. À sa place, il élève l’isothymie, le désir d’être reconnu comme égal. Ce changement a eu de profondes conséquences sur la culture. Les arts, par exemple, constituaient autrefois un domaine où les individus pouvaient mettre en valeur leur vision et leur talent dits supérieurs. Aujourd’hui, cette impulsion est de plus en plus étouffée par la critique d’art de la Nouvelle Gauche, et la mainmise sur les institutions, qui ont procédé au démantèlement des mesures traditionnelles de la qualité et du talent dans les Arts. La priorité est aux politiques identitaires et à la critique culturelle, où la reconnaissance est souvent accordée sur la base de facteurs démographiques et de théories conceptuelles plutôt que sur la vision, la capacité ou la réussite.
Je me souviens très bien d’une expérience vécue qui, soudainement, a mis en lumière ce changement culturel. Lors d’une visite à la galerie, plusieurs directeurs et critiques d’art se sont tenus devant mon œuvre Momentum – une sculpture en pierre de 8 pieds et 3 tonnes – et se sont exclamés avec une horreur apparente : « Mais Fen ! C’est du fascisme ! »
Leur réaction m’a laissé perplexe. L’œuvre était une représentation dynamique d’un motocycliste en mouvement, inspirée des futuristes italiens et des formes géométriques de l’Art déco, une célébration de la vitesse et de la puissance. Pourtant, leur réponse a révélé une anxiété plus profonde dans le monde de l’art : toute expression de dynamisme ou de puissance héroïque est immédiatement suspecte. Dans le climat culturel d’aujourd’hui, créer quelque chose de sérieux, de puissant ou d’héroïque est par réflexe étiqueté comme « fasciste ».
Le monde de l’art semble exiger que toutes les œuvres soient délibérément discrètes et dépouillées de leur force pour être acceptées dans le circuit établi. Ce qu’ils semblent favoriser, c’est un seau à déchets esthétique égalitaire – une masse informe dépourvue d’arrangement hiérarchique ou de compétence technique. La notion même d’exécution disciplinée ou de maîtrise est devenue un anathème pour ces champions autoproclamés de l’égalité.
Le résultat est un paysage culturel plat et sans intérêt. Beaucoup ne visent plus la grandeur parce qu’ils savent que leurs efforts ont peu de chances d’être reconnus dans un système où l’identité et l’allégeance à la théorie politique de gauche servent de principe de contrôle. Heureusement, le mécénat privé offre une lueur d’espoir, une voie potentielle pour sortir de ce malaise culturel étouffant.
Nina Pravda : En utilisant des matériaux solides comme le bronze, la pierre ou encore le métal, associés à des représentations brutes et modernes, vous vous inscrivez dans un héritage de durabilité, ce qui, en ce siècle, peut surprendre. Le concept d’archéofuturisme vous parle-t-il ?
Fen de Villiers : Oui, c’est le cas. L’archéofuturisme, initialement conçu par La Nouvelle Droite et développé plus tard de manière plus convaincante par Guillaume Faye, offre certainement beaucoup à contempler. Certaines de ces idées ont fait leur chemin dans ma propre philosophie artistique et certains aspects de mes œuvres sculpturales ont cherché à explorer ces idées de manière esthétique. J’ai passé beaucoup de temps à réfléchir à la façon dont les archétypes intemporels pourraient prendre forme dans un contexte moderne, voire hyper-moderne. D’une certaine manière, je rêve que ce que je crée aujourd’hui n’appartienne peut-être pas à ce moment actuel, mais plutôt à une civilisation à venir. Ainsi, mon travail devient une sorte de souhait – un désir de transcender l’artificialité de notre société actuelle, qui est maintenue de manière précaire par des mensonges omniprésents qui étouffent et érodent le potentiel organique d’expression authentique et vitale.
Spirituellement, l’effondrement est indéniablement présent.
Pour moi, les idées abordées par Faye vont encore plus loin, amenant souvent mon esprit à réfléchir profondément à son concept d’« effondrement ». À bien des égards, j’ai l’impression que cet effondrement – du moins dans le domaine esthétique – a commencé il y a plus d’un siècle. Le déclin de la formation artistique, de la maîtrise de l’artisanat, de la discipline de l’œil et de la compréhension de l’esthétique et de la composition s’est essoufflé depuis un certain temps. Spirituellement, l’effondrement est indéniablement présent. Et ce n’est pas une mince affaire, c’est un niveau fondamentalement critique puisque les arts servent de paysage onirique à une civilisation. Si ce paysage onirique est érodé, tout le reste suit inévitablement.
C’est pourquoi j’ai pensé qu’il était important de recommencer à sculpter à partir de zéro, de commencer par les éléments fondamentaux de la forme tels que le géométrique et de grandir à partir de là. En fin de compte, ma vision est un futurisme propulsé par une fusée. Une synthèse née des motifs vus dans l’Art déco, puisant le dynamisme des futuristes italiens, la structure à toute épreuve des futuristes russes et le chaos explosif des vorticistes. Tout cela propulsé vers l’avant. Cet amalgame ne serait pas un simple écho du passé, mais une revitalisation de son potentiel inexploité. En ce moment, je suis en train de réformer un langage de formes frais et puissant, dont une grande partie pourrait, je pense, être liée à des manifestations plus anciennes et intemporelles.
L’archéofuturisme a un forte dimension technologique, qui m’intéresse beaucoup. À cet égard, la technologie recèle un immense potentiel de progrès sociétaux importants et positifs, mais elle doit être abordée et comprise avec beaucoup de soin. Je crois qu’il y a une distinction à faire entre la technologie noble et la technologie ignoble. Lorsque je considère les possibilités incroyables qu’offre la technologie — les progrès dans les transports, l’exploration spatiale, l’amélioration de la vitalité humaine grâce à des dispositifs à fréquence lumineuse ou les outils de réalité augmentée qui pourraient contribuer au développement esthétique et aux activités créatives — constituent des applications nobles.
Ce qu’il faut, c’est une nouvelle vision, une nouvelle approche pour exploiter les possibilités de la technologie.
D’autre part, il y a une prévalence écrasante de technologies ignobles et plus basses. Les smartphones, par exemple, agissent comme des parasites de collecte des données, remplis d’applications banales distrayant sans cesse leurs utilisateurs avec des carillons et des bips qui attirent l’attention. Ensuite, il y a les casques de réalité virtuelle, conçus pour déconnecter complètement les utilisateurs des réalités banales de la vie moderne, en les plaçant dans un état d’anti-dynamisme et de consommation. Une grande partie de l’industrie technologique semble déterminée à assouvir les désirs et les intérêts des masses, ternissant ainsi le potentiel de mises en œuvre véritablement innovantes et transformatrices. Ce qu’il faut, c’est une nouvelle vision, une nouvelle approche pour exploiter les possibilités de la technologie.
Pour emprunter à une idée d’Evola, je vois cela comme le fait d’être des « artistes parmi les ruines ».
Sur le plan culturel, il y a eu d’innombrables appels pour que les arts s’orientent vers quelque chose de plus beau et enchanteur. Je sympathise avec ces désirs, mais avec la mise en garde que nous ne pouvons pas simplement revenir aux Grands Arts de, disons, la Renaissance italienne en appuyant sur un bouton. Une véritable Renaissance ne peut être déclenchée en faisant défiler avec désinvolture des images de sculptures de Donatello sur Google et en demandant aux artistes de reproduire une telle œuvre. Bien que ces chefs-d’œuvre soient indéniablement extraordinaires et profondément émouvants, ils restent à la fois incroyablement proches et incroyablement lointains car l’esprit, le talent et le réseau de mécénats visionnaires qui les ont rendus possibles sont totalement absents de notre époque. Pour emprunter à une idée d’Evola, je vois cela comme le fait d’être des « artistes parmi les ruines ». Il s’agit maintenant de re-maîtriser les éléments constitutifs de la forme, de réapprendre les métiers et de les mettre en avant dans une pratique vécue et incarnée. Ce n’est que de là que peuvent émerger des formations vraies et fraîches, dépourvues de pastiche. C’est donc à cet égard qu’un « retour » à des temps artistiques plus primitifs a eu lieu.
Nina Pravda : Et aujourd’hui, quelles personnalités contemporaines vous inspirent ?
Fen de Villiers : En réalité, je pense que la plus grande injection d’inspiration est venue de la découverte de nombreux anons interconnectés dans la sphère Twitter. Si je les rassemblais tous, la liste serait trop longue, mais certains artistes avec lesquels j’échange régulièrement, pour n’en nommer que quelques-uns, seraient : Matthew Fall McKenzie (alias @matthewthestoat sur X), Ferro, Giant Gio, le jeune poète Colomba, Art Deano…
Dans cette sphère, je citerais également Bronze Age Pervert et Raw Egg Nationalist comme quelques-uns des penseurs intéressants et fournissant une critique très convaincante dans un cadre et une perspective vitaliste.
Pour consulter le travail de Fen de Villiers, cliquez ici
Si vous souhaitez réagir vous pouvez exposer votre point de vue dans les commentaires ou nous écrire sur redaction@contre-poison.fr
Cliquez ici pour nous soutenir sur tipee
3 commentaires
Cool !
Un entretien vraiment passionnant. Merci
Découvrir un artiste engagé… dans son art ça fait du bien, ça change.