Le 17 juillet dernier, l’essayiste maître Gilles-William Goldnadel a déclaré sur le réseau social X : « Avocats Sans Frontières va poursuivre en justice pour intelligence avec organisations terroristes tous les membres du Parti Antisémite qui entretiennent des liens avec le Hamas, le FPLP et leurs complices comme Humani’terre. Le parquet aurait dû déjà y procéder depuis longtemps ». Nous nous sommes entretenus avec lui sur les détails de cette action en justice.
Pouvez-vous définir ce que vous appelez le « Parti Antisémite » ? Est-il circonscrit à un parti, LFI par exemple ?
L’antisémitisme n’est la propriété de personne. Il n’en demeure pas moins que, de manière massive, c’est le groupe des Insoumis qui, aujourd’hui, incarne le mieux l’antisémitisme et malheureusement, pas seulement pour de basses raisons électoralistes. Bien entendu, vouloir obtenir par ce biais, le vote des banlieues islamisées, c’était effectivement une tactique électorale qui a marché.
Cependant, je crois les gens de M. Mélenchon sincères. M. Mélenchon lui-même est animé par des stéréotypes antisémites, il considère que le peuple juif est le peuple déicide et prête à Éric Zemmour des tendances identitaires qu’il voit héritées du judaïsme.
Au-delà de ces stéréotypes assez classiques, j’ai identifié depuis des années, pas depuis hier, mais bien depuis des années, la nouvelle manifestation de l’antisémitisme par un racisme anti-blanc au carré. Le juif n’étant plus considéré comme un métèque apatride, mais comme un blanc au carré, nationaliste par l’expression de l’État qu’il a créé, qui se défend bec et ongles.
C’est dans ce cadre un peu fantasmatique que l’antisémitisme New Age, mais qui a déjà quelques années, se manifeste notamment par son alliance avec l’islamisme qui est antisémite par nature et par intérêt.
Donc oui, aujourd’hui, le Parti Antisémite se manifeste plus dans le cadre de La France Insoumise que partout ailleurs.
Quelles personnalités publiques seront visées par cette action d’Avocats sans Frontières ?
Nous entrons là dans un cadre strictement juridique, qui ne se confond pas totalement, loin sans faux, avec ce qui précède et les recherches que nous avons entreprises à Avocats sans Frontières m’ont conforté dans mon sentiment juridique. Il faut bien comprendre que le délit d’intelligence avec une puissance ennemie ou avec une organisation terroriste est un délit qui se commet, si j’ose dire, assez aisément.
La barre n’est pas très haute : il suffit d’entretenir des intelligences. Il suffit d’avoir des contacts, forcément prohibés, avec une organisation que la France classe comme terroriste pour enfreindre la loi et encourir le délit précité.
Je suis assez estomaqué, pour autant que j’ai encore un estomac, pour vous dire qu’il totalement incroyable qu’un État digne de ce nom, dont le devoir premier est la défense de ses citoyens, ne se soit pas saisi de ce dont je vais vous entretenir. Puisque, encore une fois, il s’agit d’organisations qu’il considère comme terroristes. Voilà le cadre légal.
Contrairement à ce que j’ai lu ici ou là, sous la plume de gens rien moins que désintéressés politiquement, tout citoyen, toute association dont l’objet correspond à ce que je viens de vous dire peut saisir la justice, laquelle aurait dû, au risque de me répéter, s’en saisir elle-même.
Dans ce cadre, Avocat Sans Frontières, qui a pour objet statutaire non seulement de lutter contre l’antisémitisme sous toutes ses formes, mais également contre le terrorisme, est parfaitement habilité à saisir le parquet de cette réclamation. Ce n’est pas la première fois, vous savez, que l’indolence du parquet me stupéfie.
J’avais communiqué, par exemple, en son temps, à la section presse du parquet de Paris, des ouvrages du Coran remanié appelant à la mort de juifs et de chrétiens. Le parquet, qui dans d’autres domaines est beaucoup plus actif, est resté l’arme au pied.
Il faut comprendre que l’idéologie a tellement infecté, au sens quasi clinique du terme, les prétendues élites françaises, qu’elles sont désarmées psychologiquement pour s’en prendre, pour le dire très nettement, à des adversaires qui ne seraient pas blancs et qu’elles considèrent, dans leur inconscient malade, comme des victimes, d’une certaine manière.
C’est ce qui explique l’inaction de la justice française que nous voulons secouer par cette action-là qui, encore une fois, tient complètement la route.
Factuellement, vous me demandez des noms.
S’agissant d’un travail juridique, je ne pourrais pas me contenter de vous dire que l’ensemble des membres de la France Insoumise sont inféodés intellectuellement, politiquement, idéologiquement, au Hamas classé terroriste. Dans notre plainte, qui sera argumentée, nous allons viser expressément des personnes et des faits. C’est ainsi, par exemple, que Mme Ersilia Soudais sera nommée, puisqu’elle a apporté son soutien.
Elle a participé à des conférences avec l’une des représentantes [ndlr : Mariam Abbu Daqqa, expulsée du territoire national en novembre dernier] les plus emblématiques du FPLP, le Front Populaire de Libération de la Palestine, qui est classée terroriste par la France, qui ne brille pas spécialement par son soutien à Israël, et a participé aux côtés du Hamas au pogrom du 7 octobre. C’est encore établi dans le cadre d’un rapport de Human Rights Watch. Si cela, ce n’est pas entretenir des intelligences avec une organisation classée terroriste, j’ai un problème de vocabulaire.
De même, Rima Hassan a entretenu et entretient des relations non seulement avec le FPLP, mais également avec d’autres organisations proches du Hamas. Idem pour M. Thomas Portes, qui a également été épinglé.
La liste n’est pas exhaustive, mais en tous les cas, ces trois-là ont été pris, si j’ose dire, la main dans le sac, et rien n’explique qu’ils n’aient pas déjà été sommés d’en répondre.
Votre action ne risque-t-elle pas de se heurter à l’immunité parlementaire dont jouissent les députés, associée à l’absence de majorité à l’Assemblée ?
Vous avez une conception trop extensive de l’immunité d’un député.
Qu’un député puisse jouir de l’immunité de ses propos lorsqu’il les prononce dans l’hémicycle, bien entendu. Que ses idées politiques ou ses écrits politiques puissent également être sujets à caution, pourquoi pas. Mais ce n’est pas le cas des délits graves, des délits financiers par exemple. Pour le sénateur Arreckx, par exemple, qui était poursuivi pour des délits financiers, c’est le Sénat qui a levé l’immunité.
S’il faut passer par la levée de l’immunité, nous passerons par la levée de l’immunité. Mais en tous les cas, je vous réponds, sur un plan strictement juridique et judiciaire : il n’y a aucun risque juridique et judiciaire. Pour le reste, je m’attends à tout dans ce pays qui ne se caractérise pas par un État de droit très valide.
Mais sur le plan strictement juridique et judiciaire, il n’y a pas l’once d’un risque que ces gens soient protégés par leur immunité parlementaire.
Compte-tenu de l’importance croissante du Hamas dans le débat public national, des résultats des élections européennes et législatives, et de l’augmentation du nombre des militants Français pro Hamas (encartés ou non), qui effectuent parfois des dons en ligne pour cette organisation terroriste, n’y a-t-il pas un risque que de nouvelles associations telles qu’Humani’terre prolifèrent ?
Soyons justes, puisque j’ai été sévère envers la justice française. S’agissant d’Humani’terre, la justice française s’occupe déjà de son cas. Reconnaissons au moins cela, qui m’a presque surpris. Mais, quant à la reconstitution de ligues dissoutes, on n’a pas attendu notre époque pour le constater.
Mais encore une fois, notre action, elle va beaucoup plus loin. Elle vise, encore une fois, des hommes politiques qui se sont commis dans l’odieux. Ces gens-là marchent main dans la main avec des gens qui ont la main ensanglantée, la réalité est là.
Mise à jour : depuis la publication de cette interview, maître Goldnadel a indiqué publiquement que les députés Sébastien Delogu, Mathilde Panot et Sophia Chikirou seraient également poursuivis par Avocats Sans Frontières.
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1 commentaire
Bravo Monsieur Goldnadel !