La bataille de Tinzawaten représente la première grande défaite de Wagner sur le continent africain. Elle a opposé, du 25 au 27 juillet, les combattants du Cadre Stratégique Permanent pour la Défense de l’Azawad (CSP-DPA) aux mercenaires du groupe paramilitaire russe Wagner et aux militaires des Forces Armées Maliennes (FAMa). Le colonel Hamad Rhissa Ag Hamad-Assala, chef d’état-major de la Coordination des Mouvements de l’Azawad, est l’architecte de cette victoire dont les enjeux dépassent largement l’Afrique de l’Ouest. Cet échange a été traduit du tamashek.
Loup Viallet, directeur de Contre-Poison – De nombreux civils touareg et peuls m’ont confié que depuis le départ de Barkhane et l’arrivée de Wagner, ils subissaient un véritable nettoyage ethnique. La junte de Bamako, appuyée sur les éléments de Wagner, mène-t-elle une épuration de ces populations au Nord du Mali ? Le départ de Barkhane a-t-il précipité cette situation ?
Colonel Hamad-Rhissa Ag Hamad-Assalah – Combattre la junte est une obligation morale pour tout Azawadien, qu’il soit civil ou militaire, qu’il soit armé ou non. La junte a fait venir les mercenaires de Wagner dans le but d’effectuer une épuration ethnique des Azawadiens, preuve en est, toutes les villes attaquées par les Forces Armées Maliennes et par Wagner ont constaté après leur passage des milliers de civils tués et piégés à la mine. La bataille de Tinzawaten est le premier combat qui a opposé le CSP à la junte. À part cela ils n’ont tué que des civils Azawadiens qui n’ont aucun rapport avec les combattants.
Barkhane refusait de faire le sale boulot de l’épuration des communautés du Nord au profit de Bamako
Le départ de la force Barkhane a été organisé par la junte malienne car Barkhane refusait de faire le sale boulot de l’épuration des communautés du Nord au profit de Bamako et refusait catégoriquement de faire la guerre à la place de l’armée malienne. Depuis, ils ont traité avec Wagner qui est une organisation terroriste reconnue afin qu’elle procède à l’extermination des populations du Nord et au pillage de leurs biens et ressources. La junte les paye pour cela.
Vendredi 03 août dernier, le ministre des affaires étrangères du Sénégal a convoqué l’ambassadeur d’Ukraine à Dakar pour « apologie du terrorisme ». Le diplomate ukrainien avait réitéré le « soutien sans équivoque » de son pays à ceux qui ont défait les Wagner et les Fama à Tinzawaten. Percevez-vous le gouvernement du Sénégal comme un allié de la junte de Bamako ? Que répondez-vous aux autorités sénégalaises qui vous qualifient de « terroristes » ?
L’ambassadeur ukrainien défend uniquement ses intérêts. L’Ukraine est en guerre avec la Russie et toute personne ou organisation qui combat ses ennemis devient son allié. Le CSP a fait un communiqué adressé à la CEDEAO, dont le Sénégal est membre. Dans ledit communiqué, le CSP rappelle à la CEDEAO que le Mali s’est retiré de ladite organisation pour fonder l’AES. Le communiqué de la CEDEAO en faveur du Mali prouve que cette organisation n’est pas neutre.
La CEDEAO est une organisation raciste
Les Azawadiens sont des ouest africains au même titre que les Maliens, le Mali ayant fait plus de crimes que tous. Cela prouve que la CEDEAO est une organisation raciste, qualifiant les Azawadiens de terroristes sans se soucier des crimes de Wagner.
Le CSP-DPA revendique la capture d’une quinzaine de prisonniers, dont des mercenaires du groupe Wagner. Quels sont leurs profils ? Comment sont-ils traités ? Comptez-vous les utiliser comme monnaie d’échange ?
Les prisonniers peuvent être échangés en contrepartie du départ des forces russes de l’Azawad pour toujours
Lorsqu’il y a la guerre, il y a toujours des pertes humaines, mais le CSP reste dans le cadre du Droit International Humanitaire et des droits de l’Homme. Le CSP ne vend pas de prisonniers, ni ne les échange contre un intérêt quelconque à moins qu’il y ait des intérêts pour le peuple de l’Azawad, et que la Russie reconnaisse son tort, à savoir être venue chez les Azawadiens pour les combattre au nom du Mali sans raison.
Les prisonniers peuvent être échangés en contrepartie du départ des forces russes de l’Azawad pour toujours. Autrement, le CSP n’échange pas de prisonnier contre du liquide.
Au lendemain de la bataille de Tinzawaten, le porte-parole du GUR, service de renseignement ukrainien, a déclaré le 29 juillet dernier « les rebelles ont reçu les informations nécessaires, et pas seulement des informations, qui ont permis une opération militaire réussie contre les criminels de guerre russes. ». Quelle a été la nature de l’aide fournie par l’Ukraine ? L’Ukraine a-t-elle contribué à former vos combattants ? Kiev vous a-t-il fourni des drones ?
Nous n’avons pas connaissance de l’aide de l’Ukraine sur le plan du renseignement et de l’appui en drones. Le combat de Tinza a été mené par le CSP.
Deuxième jour de la bataille. Les combattants du CSP encerclent Wagner et les FAMa qui ont refusé de déposer les armes. Armes utilisées par le CSP : mitrailleuses BKC, AK45, lance rocket, kalachnikovs.
Selon la junte malienne, le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (lié à Al-Qaida) aurait participé aux combats de Tinzawaten. Sont-ils vos alliés ?
La bataille de Tinza a été menée par les Azawadiens et remportée par eux.
Quels sont vos buts de guerre ? Récupérer Kidal ? Inafarak ? Renverser la junte de Bamako ? Obtenir l’autonomie des territoires du Mali du Nord ? Créer les conditions de l’indépendance de l’Etat de l’Azawad?
Le combat du CSP est un combat pour la liberté de l’Azawad tout entier et non pour une région en particulier. Toutes les régions de l’Azawad se valent aux yeux du CSP.
Si l’Azawad était autonome (ou indépendant), comment serait-il organisé ? De quoi vivrait sa population ? Serait-il une république islamique régulée par la charia ou un Etat respectueux du pluralisme religieux ?
L’Azawad est dirigée par le CSP
Le peuple de l’Azawad est 100 % musulman depuis la nuit des temps et aujourd’hui elle sera un pays islamique comme la Mauritanie, l’Algérie. L’Azawad est dirigée par le CSP, elle est la seule organisation qui cherche l’indépendance de l’Azawad et la seule force capable de s’imposer est le CSP. Elle a un seul bureau politique et une seule armée composée de tous.
Comment voyez-vous l’avenir de l’Alliance des Etats du Sahel ? Qu’avez-vous à dire aux juntes de Ouagadougou et de Niamey qui ont accueilli des instructeurs russes et des mercenaires de Wagner ?
L’Alliance des Etats du Sahel est un non-événement
L’Alliance des Etats du Sahel est un non-événement, elle est constituée par des putschistes des trois pays. Elle n’est ni légitime, ni reconnue par aucune institution internationale. Elle a seulement vocation à combattre les populations autochtones du Liptako, du Sahara et du centre, les Peuls, les Arabes et les Tamasheks [les Touareg, ndlr]. Ils savent très bien que seuls ils ne peuvent rien.
Le président de la République française a reconnu, le 30 juillet dernier, la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental. Ainsi, l’intangibilité des frontières n’est plus un tabou pour la France, qui semble prête à soutenir les revendications territoriales des Etats qui comprennent ses intérêts. Si vous étiez en face du président de la République française et du ministre des Affaires Etrangères français, qu’auriez-vous à leur dire ?
S’il y a un pays d’Afrique dont la souveraineté doit être reconnue par la France, c’est bien l’Azawad. C’est la France qui nous a réuni avec le Mali dans le passé et aujourd’hui, c’est la France qui doit nous séparer du Mali. Cela est notre souhait adressé tant à la France qu’à l’Union européenne, qui connaissent bien les réalités qui nous séparent du Mali.
Qu’auriez-vous à dire aux opinions publiques françaises et européennes ? En quoi devraient-ils se sentir concernés par votre combat ?
Nous plaidons pour que l’Union européenne ait un nouveau regard envers les Azawadiens, peuple qui a combattu de longues années pour sa liberté, et ce depuis que la France nous a unis avec le Mali sans notre accord.
Ce que la France et l’Union européenne cherchent avec le Mali depuis tant d’années et qu’elles ne trouvent pas, à savoir une bonne collaboration, la sécurité, les intérêts minéraux, le développement des entreprises européennes, elles le trouveront avec les Azawadiens.
Nous ne cesserons jamais de nous battre pour notre terre
Le Mali ne pourra jamais donner une garantie sur nos territoires et nous ne cesserons jamais de nous battre pour notre terre. Nous demandons aux partenaires voulant œuvrer sur notre sol de nous donner la main pour un appui et un partenariat gagnant dans le futur.
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